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Biologie, comportement et savoir
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Biologie, comportement et savoir
  • L'objectif est de mettre en relief l'influence majeure du facteur biologique sur la pensée collective. Cette nouvelle approche permet en outre d'expliquer certaines situations paradoxales de notre histoire: déni etc.
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31 août 2020

4/ Un regard sur le monde actuel

En ce qui concerne le monde actuel, on a déjà souligné les dangers qui nous menacent. Avant l’expansion de l’humanité, le conditionnement qui s’était progressivement mis en place, était particulièrement efficace. Chaque unité, confortée par les certitudes et l’optimisme qui résultent d’une insertion harmonieuse dans un écosystème, ressentait le besoin d’exister, de jouer sa partition mais sans l’outrepasser de sorte qu’en dépit des profonds bouleversements qui modifiaient le visage de la biosphère, la symphonie restait harmonieuse et l’univers en excellente santé.

   Les chasseurs- cueilleurs du Paléolithique qui se contentaient des ressources naturellement disponibles et qui disposaient d’immenses espaces avaient des effectifs stables, adaptés à leur milieu. Les tendances, altruiste et égoïste, se déclenchaient en alternance et les situations étaient beaucoup plus décantées que de nos jours. Les injonctions parvenaient sans filtre, sans frein. En dépit de conditions de vie rudimentaires, ils éprouvaient l’élan vital dans toute sa plénitude et son intensité. En ce qui concerne la polarité égoïste, les chasseurs-cueilleurs, malgré les difficultés, ressentaient l’impérieuse nécessité de vivre. Ils se lançaient dans l’existence avec spontanéité et enthousiasme. C’était à la fois une exigence absolue et une envie irrésistible.

   Il nous est plus difficile d’imaginer l’influence de la tendance altruiste au quotidien tant le rapport entre l’homme et la nature a été inversé. En raison de l’explosion démographique d’une humanité qui occupe tout l’espace et du dérèglement comportemental qui en résulte, notre existence est devenue prioritaire envers et contre toutes les autres formes de vie. La nature est reléguée au second plan. Elle est instrumentalisée. C’est un décor que l’on façonne, un espace de jeu, un réservoir d’énergies que l’on exploite etc. La trace de l’homme est omniprésente. On multiplie les nouveaux codes qui effacent les précédents. La nature est devenue objet, vidée de toute son efficience. Elle est détruite dans sa dimension physique et, en quelque sorte, initiatique.

   A l’époque des chasseurs-cueilleurs, c’était l’inverse. Des groupes peu fournis et dispersés se déplaçaient sur des territoires extrêmement vastes. Dans ces conditions, on ne pouvait pas prétendre. La nature existait avant tout et la tendance altruiste disposait alors d’une expressivité maximale. Ce fut le règne de l’animisme. L’homme était constamment immergé dans un cadre grandiose dont le gigantisme ne se démentait jamais. C’était une relation intense avec une immensité impressionnante qui restait hors d’atteinte, tout en étant d’une constante et troublante proximité. L’homme ne marquait pas la nature, c’est elle qui lui communiquait le secret des équilibres. De toute évidence, elle imposait retenue et respect. Il ressentait sa fonction altruiste, le rôle bienfaisant de celle qui cicatrise, apaise et harmonise.

    Pour en revenir à l’époque actuelle, comment espérer une prise de conscience et un changement de cap ? Les siècles passent et les forts disposent toujours de leurs semblables, y compris au sein des démocraties occidentales où tout se passe plus en douceur, où l’on s’efforce d’occulter la barbarie qui s’installe et qui fait rage ailleurs. L’humanisme y est si hautement déclamé qu’on en oublierait qu’il s’agit d’une imposture et que des gens souffrent aussi chez nous. La classe dominante internationale vit au-dessus de la masse dans une sphère sécurisée que la justice n’atteint pas. Une lutte féroce, faite d’alliances et de défections, décide de l’attribution des postes importants et de la constitution des empires financiers. Sur le plan politique, le rôle du citoyen se borne à départager des candidats, choisis en amont et qui sont à cent lieues de la condition sociale du peuple et de ses préoccupations. Par ailleurs, les grands de ce monde ont formaté un moule dont on doit s’accommoder. Quelles que soient, au départ, leurs sensibilités politiques, les dirigeants doivent donner dans le libéralisme. La mondialisation précarise et exclut une grande partie de la population mondiale, privée des droits essentiels sans lesquels il est difficile de vivre (manger à sa faim, disposer d’un toit, avoir accès aux soins etc.). Comme par le passé, on peut craindre des jacqueries. Pour s’en préserver, les démocraties occidentales ont mis en place une stratégie manipulatrice qui s’inscrit dans le prolongement du ressenti égocentrique de l’époque. Elle repose sur deux axes. Il s’agit, d’une part, de flatter le citoyen et, d’autre part, de le rassurer en lui donnant l’impression qu’il est intégré dans une société juste et généreuse. Pour cela, on insiste particulièrement sur la défense des droits de la personne. On s’était déjà efforcé de faire admettre certaines énormités que les hommes naissaient libres et égaux en droits et que, grâce à son vote, l’électeur intervenait grandement dans la vie politique de son pays. On ajoute à ces leurres grossiers une palette de mesures souhaitables à défaut d’être effectives. La personne ne doit subir aucune entrave quant au choix de sa vie. Elle a donc le loisir de vivre à sa guise, de choisir son orientation sexuelle. De nouvelles sanctions sont prévues en cas de harcèlements. La loi est censée protéger contre les propos racistes et discriminatoires.  On remet au goût du jour le principe d’égalité entre hommes et femmes et peu importe s’il reste virtuel. On accorde à tous la possibilité de saisir la justice pour les motifs les plus futiles, de s’adresser au président de la république sans même avoir à affranchir son courrier etc. Afin d’occulter la régression en matière d’acquis sociaux, on veut persuader le citoyen qu’il est au centre des préoccupations des hautes instances, qu’on lui a donné toutes les opportunités et les armes pour se défendre alors que, dans certaines situations, la société le broie sans qu’il n’ait aucun recours.

  Cette stratégie se prolonge par le biais des réseaux sociaux, des émissions de téléréalité etc. On ouvre un espace de sous-culture, mis à la disposition de tous mais surtout des exclus du monde du travail, qui ont donc tout le loisir de s’y faire piéger. Les centres d’intérêt sont diversifiés afin que chacun y trouve son compte (relations sentimentales, familiales, bricolage, cuisine etc.) Il devient facile de se valoriser en se créant des relations virtuelles, en donnant son avis sur les sujets abordés ou encore en se défoulant sur les consoles de jeux. Il s’agit de libérer la parole afin d’évacuer les tensions engendrées par la précarisation. Il faut également la canaliser. On l’oriente vers des thèmes, qui ne dépassent pas le cadre de la vie privée ou des loisirs afin de lui ôter sa virulence, de la rendre vide ou inutile. Les jeux télévisés, diffusés aux heures de grande écoute, sont un autre bon moyen d’étouffer les ressentiments. La nouvelle tendance veut que le candidat devienne la vedette. L’animateur demande donc d’applaudir à tout rompre quelqu’un pour son âge, son prénom ou le nombre de ses enfants. Tel présentateur presse un vieux couple, plus que passablement éteint, de donner sa recette du bonheur parce que ça nous intéresse tous. Certains excellent dans cet exercice. Transformés en simplets, ils insistent sur les mérites inestimables des candidats qui participent à un élan d’humanisme que l’on postule universel, à la mise en place d’un monde angélique où chacun se trouve largement pourvu de qualités de toutes sortes et où il est facile et courant de gagner de grosses sommes d’argent. De quoi pourrait-on se plaindre ? Valoriser une personne pour ses vertus réelles est légitime et souhaitable. Chacun possède des atouts et mérite d’être traité avec respect. En revanche, attribuer à quelqu’un de fausses compétences constitue une authentique trahison. C’est inciter à la suffisance et à la passivité.

   Il faut dire un mot des émissions de téléréalités destinées à la jeunesse. La manipulation repose sur des bases identiques. Les jeunes mis en scène sont à la recherche d’un emploi mais vivent cependant dans un cadre somptueux. La paresse semble être une vertu cardinale. Le plus souvent, ils se prélassent. Pour eux, le travail est à la fois pénible et dégradant. Ils ont par ailleurs une très bonne opinion d’eux-mêmes alors que cette autosatisfaction ne repose sur aucune réussite tangible. Ils s’amusent de leur inculture qui n’est jamais perçue comme handicapante et font preuve d’une grande susceptibilité, sont très agressifs ce qui provoque des conflits qui se règlent à coups de décibels. Le manque de maîtrise, la colère, la vulgarité deviennent des atouts à leurs yeux. Ils révèlent une forte personnalité. Ils vivent dans le très court terme, sans véritable projet, soucieux de profiter des plaisirs de l’existence, de satisfaire en tous points les attentes de leur personne. Il n’y a rien de stimulant dans cette jeunesse échouée. Ils se contentent d’être ce qu’ils sont : un produit qui veut rester à l’état brut. Et pourtant, le moindre de leurs propos prend une importance considérable : les remarques anodines, les commentaires redondants, leurs états d’âme bien sûr. Toute cette insignifiance tourne en boucle, valorisée par la beauté des acteurs mais plus encore par la présence et l’insistance de l’image qui surdimensionne tous les détails de leur vie. Cette vacuité devient un modèle et ceci, avec d’autant plus de facilité que les laissés pour compte peuvent hélas souvent s’identifier à ces errances professionnelles et sentimentales et que, d’autre part, les vedettes de la téléréalité semblent concrétiser le rêve d’obtenir la réussite maximale sans fournir le moindre effort. Face à ce déluge de niaiseries, d’inculture, de prises de bec et d’idéaux de bas plafond, le silence des sages de l’audiovisuel, censés garantir la bienséance des programmes laisse perplexe. Depuis quand, un profil de mauvais élève, paresseux, fort en gueule, en état de déscolarisation avancée, sans le moindre projet doit-il servir d’exemple aux autres ? N’y a-t-il rien de plus stimulant à montrer à nos jeunes ? Avons-nous donc perdu tout espoir ?

  Pour clore ce chapitre, il faut souligner le foisonnement des feuilletons à grand succès (Plus belle la vie, Un si grand soleil, Demain nous appartient etc.). Des titres prometteurs qui annoncent des existences comblées et des personnages qui maîtrisent leur destin, en fin de compte, la concrétisation des mirages mis en place par le fonds biologique. Que se passe- t-il en fait ? On y découvre une humanité pétrie de bonnes intentions, au point de flirter avec l’excellence. Hélas, la réalité vient considérablement compliquer la donne. Les personnages ne parviennent pas à réaliser leurs rêves de belle vie, sous un grand soleil, avec des lendemains maîtrisés. Ils multiplient les incartades (propos diffamatoires, fugues, bagarres, trahisons etc.), plongent souvent dans la délinquance aggravée (harcèlement, chantage, vols, trafic de drogue etc.). L’objectif toutefois est de rendre attachants ces personnages qui voulaient une vie sans entraves et qui se trouvent malgré eux, en raison de circonstances particulièrement défavorables, entraînés dans des situations dramatiques. Leur faillite est donc parfois due au hasard mais, le plus souvent, elle résulte d’une âme trop grande, d’un trop plein de noblesse. Un couple vit dans l’adultère en raison d’un sentiment, à la fois magnifique et irrésistible qui les pousse l’un vers l’autre. On participe à un vol en risquant sa carrière afin de venir en aide à un ami très proche qui se trouve, malgré lui en mauvaise posture. Notons toutefois qu’en dépit de déclarations très haut de gamme, les personnages n’agissent pas motivés par des fins à visée universelle. Nous ne sommes pas en présence de Robins des Bois qui cambriolent des banques dans le but de redistribuer le butin aux familles pauvres de leur quartier. Ces héros du quotidien, s’ils sont pratiquement en permanence au-dessous de la ligne de flottaison, c’est généralement pour satisfaire leur égo. Leurs motivations se cantonnent à un milieu très restreint : la famille ou les amis proches. Le monde extérieur et ses problèmes leur demeure étranger. On tente d’accommoder une vision flatteuse de l’humanité avec une réalité qui en constitue un démenti formel. Comment ne pas remarquer par ailleurs qu’une autre partie importante des programmes télévisés traduit l’accentuation de la violence qui caractérise notre époque ? Elle constitue souvent le thème des films mais on se complaît également à nous rappeler, de façon détaillée, les crimes les plus horribles commis dans le passé. Les émissions hospitalières ajoutent leur part d’hémoglobine et de souffrances dont le spectateur semble être très friand.

 Par le biais de la télévision et des réseaux sociaux notamment, on a mis sur pied une colossale entreprise de crétinisation des masses en instaurant un véritable culte de la médiocrité.

   Il semble en effet illusoire d’espérer un sursaut collectif alors que l’histoire montre que l’humanité reste empêtrée dans ses schémas violents et oppresseurs et que nos sociétés mercantiles n’ont pas de plus nobles ambitions que celle de faire perdurer, coûte que coûte les déséquilibres existants ? On ne naît pas homme, il faut s’efforcer de le devenir. Vivre au premier degré, y compris pour les conduites les plus nobles, c’est rester sous l’influence d’un fonds biologique que nous partageons avec d’autres formes de vie. Nos observations, aussi incontestables soient-elles, ne sont pas en mesure d’effacer l’impact de cette empreinte. Nous avons la conviction d’être juges mais sommes surtout parties. En fonction des situations, chacun se contente, le plus souvent, de répondre aux injonctions qui s’y rapportent. Nous réagissons donc, tantôt en tant que parent, patriote, chef, employé, ami, rival etc. Nous nous laissons enfermer dans des schémas, mis en place depuis la nuit des temps et devenons des servants de la vie. Cette emprise est d’autant moins facile à contester que nous la considérons  avec déférence, comme le propre de l’homme et ce qu’il y a de meilleur en lui. Convaincus de l’infaillibilité de nos facultés et de l’aspect exceptionnel de notre destin, nous vivons dans le déni et l’illusion. On sous-estime, par conséquent, les périls qui nous menacent et s’aggravent au rythme de la progression démographique. Afin de restaurer les équilibres, le fonds biologique génère désormais un climat de violences généralisé qui fait de notre monde une poudrière. Il nous est difficile de réagir car l’imprescriptibilité du conditionnement originel tient lieu à la fois de vérité et de morale. Il nous ligote à ses injonctions sans possibilité de lucidité durable. Inaliénable, mais devenue dangereuse, la combinaison qui a optimisé la vie risque bien de la faire disparaître, au moins sous sa forme actuelle, car l’homme s’achemine sereinement vers sa perte entraînant avec lui l’ensemble de la biosphère.

  Pour prendre conscience de la vitesse à laquelle se sont désagrégés les équilibres fondamentaux, il suffit de revenir brièvement sur l’histoire de l’humanité. L’homme est apparu il y a environ 300000 ans. Pendant cette période qui représente la quasi-totalité de notre parcours, il n’est jamais sorti du cadre naturel. Son ingéniosité lui a permis d’accéder progressivement au rang de grand prédateur.

  Que faut-il retenir des 12000 ans qui restent ? Un appendice dérisoire. On peut subdiviser cette courte période de façon encore très inégale. Au cours de la néolithisation, la population a progressé et a dépassé la quantité de ressources qui auraient été naturellement disponibles. Le mécanisme génétique qui veille à l’équilibre du vivant s’est alarmé et l’homme a subi les rudes désordres qui s’abattent dans ce contexte sur les communautés animales. Sur le plan culturel, et toujours sous l’influence du facteur démographique, pour la première fois, on a légitimé comme un principe fondamental l’inégalité entre les différentes formes du vivant. L’homme s’est dissocié des autres espèces en se considérant comme un être supérieur, pourvu d’âme et de raison. Les rapports sociaux n’ont pas été épargnés par la déstabilisation. On a établi que tous les hommes n’avaient pas la même valeur et qu’il était normal qu’il y eût des esclaves, des opprimés et des démunis. Les religions post-chamaniques et les lois civiques qui ne sont que des prolongements culturels des densités surnuméraires, donnèrent à ce principe un socle solide et l’homme se lança gaillardement à l’assaut de la planète et de ses semblables. Grâce à son potentiel intellectuel, l’humanité a cependant résisté jusqu’à aujourd’hui aux fléaux qui vont de pair avec la surpopulation. Il est important de souligner que jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle, c’est-à-dire encore la quasi-totalité de la période que nous examinons, même si les densités s’étaient renforcées de façon conséquente, la planète était encore largement préservée y compris dans les pays les plus développés dont le profil demeurait à forte dominante rurale. Le tissu industriel naissant n’avait pas encore affecté la qualité de l’air, de l’eau et des sols. Les espèces considérées comme indifférentes ou nuisibles disposaient d’habitats suffisants. Elles occupaient également les espaces cultivés sans engrais ni pesticides. Au moment des récoltes, elles s’échappaient sans peine au bruissement qui annonçait l’approche lente et régulière des faux et des râteaux.

  Il nous reste à peine deux siècles à examiner. La dégradation s’est accentuée à l’ère industrielle où débutèrent les activités polluantes à grande échelle mais il y a seulement cinquante ans, un battement de cils à l’échelle du parcours de l’humanité, que l’on a commencé à s’inquiéter. Tout s’est brusquement emballé depuis (une surpopulation devenue écrasante, le réchauffement climatique, les trous dans la couche d’ozone, la fonte des glaciers, l’importance des pollutions de toutes sortes, la disparition de nombreuses espèces, l’assèchement des sols, les incendies gigantesques etc.). La situation est devenue si critique qu’en l’absence de mesures drastiques, l’avenir des générations futures sera sérieusement menacé.

  Comment réagissons-nous ? Il est si triste de constater que ceux qui dirigent vraiment le monde en sont restés au stade de la néolithisation : tenter de faire cavalier seul, exploiter ses semblables et les autres formes de vie. On mise sur le très court terme et on feint d’ignorer les périls qui pèsent sur la planète. Et les intellectuels ? Lorsqu’ils ne se mettent pas au service des lobbies pour livrer des enquêtes où les données habilement faussées minimisent l’étendue des menaces, afin d’éviter les turbulences et d’obtenir un statut d’auteur recommandable, la plupart d’entre eux se contentent de cocher les cases de l’humainement correct. Il s’agit de s’élever, le cas échéant, contre ce qui est effectivement condamnable (le racisme, l’intransigeance religieuse, les violences à l’encontre des femmes etc.) tout en restant dans un ton mesuré, en prenant soin de n’irriter personne. Il faut reconnaître que leurs productions sont impeccables, fort bien construites, documentées et exposées. On admire la virtuosité avec laquelle ils font entendre raison aux chiffres, aux dates, aux pourcentages etc. Rien ne semble pouvoir échapper à leurs neurones. Un travail aussi brillant qu’inutile. Comme si dire allait suffire. Chrétien de Troyes ne dénonçait-il pas déjà au douzième siècle la vie misérable qu’on imposait aux tisseuses ? Mal nourries, mal vêtues, elles touchaient un salaire qui les laissait dans le dénuement, devaient supporter un temps et un rythme de travail exténuants, subissaient les violences de leurs maîtres etc. On peut s’étonner que le problème de l’exploitation et de l’oppression des femmes au travail n’ait pas été définitivement réglé. Chrétien de Troyes et bien d’autres n’auraient-ils pas été lus ? On a dit que ces intellectuels ne voulaient heurter personne afin d’accéder à la notoriété. Pour cela, il est indispensable de se situer sur le créneau culturel sécurisé de l’humainement correct sans omettre toutefois d’ajouter ou de sous- entendre que l’homme est un être d’une nature supérieure et qu’il saura venir à bout de tous les défis qu’il aura à relever.

  La situation du monde est si alarmante qu’il ne faut pas craindre d’être importun. Bien entendu, nous nous rangerions tous derrière cet humanisme tant il est souhaitable et réconfortant. Encore faudrait-il qu’il corresponde à la réalité ! De toute évidence, ce n’est pas le cas. Camper sur cette position, y compris en toute bonne foi et animé des meilleures intentions, revient à être un fossoyeur de l’humanité au même titre que les lobbies qui eux savent pertinemment les désastres qu’ils provoquent. C’est, en fin de compte, vivre dans le déni et attendre que la succession de catastrophes annoncées supprime une bonne partie de l’humanité. Nos lacunes sont pourtant bien en vue. Depuis un siècle environ, la Science a considérablement réduit ses prétentions. Les espoirs d’Auguste Comte ne sont plus d’actualité. Il serait utopique de prétendre au savoir absolu, de croire que nous parviendrons à dissiper un jour tous les mystères de l’univers. L’histoire démontre, et nous ne craignons pas d’insister sur ce point, que les civilisations étatisées n’ont jamais eu les capacités morales nécessaires pour mettre sur pied des sociétés pacifiques et égalitaires. Les problèmes de fond n’ont pas été résolus. Nos facultés seront-elles plus à la hauteur si on change de registre, s’il s’agit de contrôler le réchauffement climatique, la surpopulation, les effets désastreux de la pollution etc. ?  On peut en douter puisque le déni et les déclarations d’intention sont les seules réponses proposées en haut lieu au niveau mondial.

  Pourquoi accordons-nous donc autant d’importance à un potentiel en situation d’échec depuis des lustres ?  On le répète à l’envi, parce que nous sommes sous influence génétique. Le facteur biologique formate nos comportements et nos pensées tout en nous donnant l’impression du contraire, de disposer de capacités et d’un destin exceptionnels. C’est lui qui détermine pour nous les critères du bon et du vrai et, en raison de son imprescriptibilité, nous ne sommes pas en mesure de recouvrer notre lucidité de façon durable et de reprendre notre vie en main.

  Comment parvenons-nous à concilier les mirages de source génétique qui nous incitent à la prétention et à la suffisance aves l’accumulation évidente des périls ? L’imprescriptibilité génétique ne peut être effacée. Elle constitue la base sur laquelle il nous faut construire coûte que coûte en intégrant au mieux les autres données issues du sensible, de l’affect ou du mental qui sont, elles- mêmes, de source biologique. Le biologique, il n’y a que cela. Nous n’avons pas d’autre matériau à disposition. C’est l’inaliénabilité du fonds biologique qui crée l’obligation du déni. La stratégie de l’arbre qui cache la forêt en est une des facettes. Elle ménage la chèvre et le chou. On minimise un problème majeur, celui de la violence en le réduisant à une de ses manifestations, celle qui s’exerce à l’encontre des femmes, par exemple. A l’occasion de la journée qui leur est consacrée, on dénonce les féminicides, les maltraitances au quotidien, les différences de salaires avec les hommes, on insiste sur le fait qu’elles ont acquis une meilleure représentation au sein de la société, on conclut par un défilé. On pense que tout va s’arranger puisqu’on a durci les sanctions mais surtout parce que l’homme ne saurait faillir durablement. On s’est employé à accorder-mais ne le fait-on pas en permanence- la fiabilité des facultés humaines qui se traduit ici par une saine réactivité face à un problème, dont on a par ailleurs occulté la profondeur, avec une réalité qui prouve manifestement le contraire puisqu’il y a manifestement encore et toujours des assassins, des brutes et des imbéciles. Il s’agit, d’une certaine façon, de considérer les faillites de l’humanité comme des exceptions, des exceptions certes constamment renouvelées au fil des siècles, mais des exceptions tout de même qui ne sauraient remettre en cause la supériorité de notre nature. Loin de moi l’idée de critiquer les initiatives des personnes qui ont le mérite de se soucier du sort des victimes. Elles font au mieux et on ne peut que les louer mais les véritables questions ne sont pas posées. La violence a-t-elle toujours existé ? Dans le cas contraire, quand apparaît-elle ? Est-il possible de la supprimer ? L’indignation, aussi justifiée soit-elle, n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. Elle relève de l’affect et ne saurait infléchir le processus de la violence tant qu’on n’en reconnaît pas les causes, des causes hélas que nous aurons la plus grande peine à maîtriser. La violence n’a pas toujours existé. Les bandes, très faiblement peuplées du Paléolithique, ainsi que les communautés primitives aux effectifs peu fournis vivaient au sein de sociétés pacifiques et égalitaires et se montraient de surcroît très respectueuses envers les autres formes de vie. Ces hommes n’étaient pas meilleurs que nous. L’apport humain importe peu. C’est le fonds biologique qui garde la main, dans ce contexte, par le biais du facteur démographique.

  Revenir sur l’histoire de l’humanité n’est pas un gage de remédiation mais permet d’établir un diagnostic correct. Manifestement en raison du surnombre et seulement à partir de ce moment- là, nous n’y sommes jamais arrivés. Nous parvenons encore à survivre mais dans le désordre et la souffrance. Il est urgent d’admettre l’étendue de nos limites. L’homme est entièrement immergé dans le biologique. Il n’est fait que de cela. Par conséquent, comment pourrait-il produire et aussi facilement que nous le pensons, quelque chose qui ne le soit pas ?

  Il sera extrêmement difficile de dépasser les mirages de source biologique. C’est s’exposer, d’une part, à l’indignation d’une majorité de personnes, certes bien intentionnées et sincères qui croient se porter au secours de la noblesse de l’homme alors qu’elles ne font que défendre ardemment des injonctions génétiques. Ce paradoxe a longue vie. C’est, par ailleurs, aller à l’encontre de notre ressenti profond. Même si la voie de l’humainement correct nous conduit à terme à la catastrophe, elle ne cesse de s’imposer à l’évidence comme la seule issue possible. Croire en nous, envers et contre tout, sans aucun discernement. Cette assurance est commune à toutes les formes du vivant. L’animal dans la nature s’en remet entièrement à son instinct. Il n’a que cela pour survivre. Hélas, nous avons largement dépassé les limites de notre espace et de notre fonction et pour nous, il en va différemment. La majorité des injonctions que nous recevons ne nous donnent pas comme à l’animal des chances raisonnables de survie. C’est l’inverse, elles nous poussent à la faute. Il s’agit par tous les moyens (violences généralisées, catastrophes climatiques, famines, pandémies etc.) de faire en sorte que notre présence ne soit plus une menace pour le vivant. L’objectif est d’éliminer les excédents et pour cela, il faut que l’espèce concernée y participe inconsciemment, en considérant comme bien fondées des attitudes qui s’avèreront suicidaires à terme. Engagés dans la surpopulation, les lemmings et autres rongeurs persistent dans l’erreur jusqu’au bout du processus qui aboutit à la mort de la plupart d’entre eux. C’est pour cela que le dérèglement comportemental et idéologique a toujours été considéré comme parfaitement justifié. Il fait partie de notre culture, C’est un acquis qui nous est propre. Il nous semble même être la marque de notre supériorité sur les autres formes de vie. Nous ne trouvons donc rien à redire au fait que certains se soient appropriés les ressources naturelles, que les plus nombreux doivent se mettre au service d’autrui s’ils veulent se nourrir et se loger, que d’autres tentent de survivre dans le dénuement. A titre de comparaison, dans un contexte d’équilibre, aucun animal n’agirait de la sorte.

  La lucidité nous fait défaut. Trop engagés dans le biologique, nous ne sommes pas en mesure de résister aux différentes facettes de son impact. Si, dans le but de réduire la surpopulation, cause de tous nos maux, on décidait de limiter le nombre des naissances, cette mesure, pourtant indispensable, provoquerait à coup sûr beaucoup d’indignation. Certains y verraient une intolérable atteinte à leur liberté individuelle, d’autres la jugeraient incompatible avec leur foi etc. En fait, il s’agit pour les uns de défendre leur territoire individuel, pour les autres, celui de leur communauté religieuse. Toujours si près des griffes et des sabots. C’est bien là que le bât blesse. Si l’on rapportait à une forme de vie extra-terrestre, plus évoluée que nous, qu’en pleine alerte Coronavirus, les laboratoires, au lieu de travailler ensemble pour parvenir à mettre au point un vaccin susceptible de limiter le nombre de décès ,restent en situation de concurrence, chacun dans l’espoir de réussir avant les autres pour toucher le pactole ou encore que, même si la planète est incontestablement en danger, les hommes continuent à se faire la guerre militaire ou économique, ces êtres auraient pitié de nous, tant nous nous montrons manifestement démunis. Assez ingénieux pour tenter de vivre en dehors d’un cadre naturel maintenant dévasté mais pas suffisamment pour que, spontanément et de manière collective, nous ayons la lucidité nécessaire pour comprendre nos erreurs et chercher à composer avec le biologique pour en tirer le meilleur parti. Il est temps d’admettre qu’aucun projet d’ordre économique n’est en mesure de résoudre, de façon durable, les difficultés que nous rencontrons. L’échappatoire ne peut être que d’ordre moral. Notre mainmise sur le monde est une victoire à la Pyrrhus. En fin de compte, le fonds biologique qui s’emploie à juguler toute forme de surpopulation pourrait avoir gain de cause. Nous avons eu le tort de croire qu’il était possible de faire cavalier seul. Il nous faut reconsidérer notre rapport au monde, renouer avec l’ensemble du vivant, penser aux autres, à tous les autres, à nos semblables, bien sûr, mais aussi aux autres formes de vie. Il devient urgent de nous restreindre, de rejeter l’impérialisme qu’il soit de nature militaire, économique ou écologique. C’est un défi colossal qui se présente à nous. Il s’agira de nous hisser, de façon collective, à un niveau d’altruisme jamais atteint en état de surnombre. Si tout est de source génétique, s’il n’existe pas d’autre matériau, plutôt que de subir cet ascendant et, finalement, dans un second temps, pas plus réactifs que des lemmings, attendre que la grande lessive se fasse, prenons au biologique ce qu’il a de meilleur, l’altruisme désintéressé et essayons de construire autour. Par altruisme désintéressé, on pense à l’ouvrière au sein de sa ruche ou aux parents de nombreuses espèces animales qui se dépensent sans compter pour élever leur progéniture. Peu importe si d’aucuns affirment qu’il ne s’agit que d’égoïsme au second degré car, après tout pour nous aussi, l’objectif est d’assurer la survie de l’humanité et donc de perpétuer nos gènes par le biais de notre descendance. Au lieu de nous laisser manipuler par le biologique, efforçons-nous de le   contrôler et, pour la première fois, autant que faire se peut, rendons-nous maîtres de notre destin. Considérons l’altruisme désintéressé comme notre dernier espoir, une bouée de sauvetage pour ne pas sombrer. En l’état actuel des choses, un tel revirement est très improbable mais nous serons « aidés » par l’adversité. Lorsque les catastrophes s’enchaîneront, on verra peut-être le meilleur de l’humanité. Nous sommes une espèce supérieure, la seule à avoir survécu durablement en état de surpopulation. C’est une réussite somme toute modeste d’autant plus que nos jours sont peut-être comptés. A ce stade de notre histoire, que ce soit dans l’harmonie propre au Paléolithique ou dans le climat de violences qui lui a succédé, nous n’avons fait que subir l’ascendant biologique. Sommes-nous si peu ? Avons-nous atteint nos véritables limites ou, dans l’illusion d’une survie assurée, nous contentons-nous du moindre effort ? Si nous franchissons ce cap, ô combien périlleux, c’est que nous aurons réussi à desserrer l’emprise génétique. Une nouvelle humanité, généreuse et solidaire aura su modeler le matériau dont elle est pétrie. Terminons sur cette note d’espoir.

   

  

 

 

 

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Commentaires
G
Je me désolidarise entièrement de cette publicité parasite.
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B
Bonjour à toutes personnes à la recherche d'un prêt personnel, je suis disposé à vous accorder mes prêts d'argent rapide en ligne en quelque jours seulement pour sauver des vies nous le proposons depuis plus de 10 ans nous pouvons nous occuper (selon accords préalables). Mon objectif est de renforcer de manière significative la base économique de toutes personnes morales et physiques pratiquantes des Actionnaire et Opérateur financier vivant en France qui s'engage à vous aider financièrement quel que soit votre problème pourvu que vous soyez solvable. J’accorde mes crédits avec un TAEG (Taux annuel effectif global) de 3 % et ma capacité de financement est comprise entre 5.000 € et 5.000.000 € sur 6 à 20 ans maximum selon la somme prêtée c’est à vous de voir pour les mensualités, des conditions très simples et sans problème. Pourquoi attendre alors, Écrivez-moi je suis entièrement à votre disposition veuillez me confirmer votre demande en précisant le montant que vous souhaitez emprunter et la durée du remboursement à mon adresse mail : jacbrand_inc@yahoo.com au plus vite possible afin qu'on puisse vite donner une suite favorable à votre demande et vous satisfait.
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J
Travail très intéressant et impressionnant.Approche quasiment révolutionnaire, qui peut être très dérangeante pour la . L’homme n'est plus le centre du monde ;son évolution obéit à des facteurs biologiques et démographiques à tous les niveaux.L'actualité avec la pandémie semble illustrer la thèse de Gilbert et l'avenir semble effectivement sombre car l 'homme n'est pas prêt à remettre en question son mode de vie ..<br /> <br /> A lire et relire,merci Gilbert
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C
très intéressant, fait réfléchir !
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F
Bravo Gilbert tu as fait un super travail. Je suis complètement d’accord avec toi sue le point 4 et suis guère optimiste pour l’avenir de nos enfants et petits enfants
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