Présentation du projet
On pense communément que le savoir a connu une première phase chaotique, faite de légendes et de fables avant de s’affirmer peu à peu, en s’inscrivant dans un cadre rationnel, sans cesse élargi et conforté par l’accumulation des acquis et des performances technologiques. Pour beaucoup, la Science représente le point d’orgue de cette évolution et nous maîtrisons de mieux en mieux notre destin, grâce à des capacités intellectuelles et morales en constante progression. Il y a cependant bien des points qui ne correspondent pas à la logique attendue de ce tableau de marche. La pensée occidentale, par exemple, ne peut être représentée par une courbe régulière qui ferait passer du mythe au scientisme. Il y a déjà dans l’Antiquité des pics surprenants de rationalité. Au cinquième siècle avant JC, dans la Grèce des cités, le rôle dévolu aux dieux a considérablement diminué. L’homme prend de l’assurance, persuadé qu’il peut expliquer le fonctionnement d’un monde qui se vide de ses mystères. Dans de nombreux domaines (physique, médecine, histoire etc.), il recherche les causes naturelles des phénomènes, des maladies ou des événements. Par la suite, ces certitudes s’estompent et finissent par disparaître de sorte, qu’au troisième siècle de notre ère, la tendance s’est inversée. La métaphysique devient la seule discipline qui mérite d’être étudiée. Comme à l’aube de la civilisation grecque, on affirme que l’homme ne dispose pas des facultés nécessaires pour acquérir un savoir qui lui serait propre et de quelque intérêt. Le même schéma insolite va se reproduire à partir du onzième siècle en chrétienté occidentale. La raison gagnera du terrain et, une nouvelle fois, on accordera de plus en plus de crédit aux sciences profanes. Dans la seconde moitié du quatorzième siècle, cet axe de recherche sera délaissé. Une pensée religieuse, encore plus inhibitrice que la précédente, imposera l’image d’un homme, complètement démuni sans Dieu.
Le but de ce travail est de mettre en relief le rôle prépondérant que joue le facteur biologique sur la formation et l’évolution de la pensée collective. La rationalité est liée aux périodes de fortes densités et elle s’efface lors des dépressions.
Cette étroite dépendance est confirmée dans un second ouvrage où l’on souligne l’influence des variations démographiques sur la forme du discours littéraire.
Cette approche modifie profondément notre façon d’appréhender le savoir. Il ne s’agit plus de se lancer dans une étude minutieuse de toutes les ramifications de la pensée universelle, en considérant chacune d’elles, comme un témoignage inestimable du génie humain mais, au contraire, de relativiser la portée des connaissances. L’intellect est le propre de l’homme mais il ne se situe pas pour autant dans un espace sécurisé qui le mettrait à l’abri des forces naturelles. L’objectif est donc de proposer une relecture de la pensée collective. On ne s’attardera pas sur l’expressivité première des messages. Ils ne sont que la dernière empreinte, laissée sur la plage, par une vague mourante. Ce serait ignorer l’ampleur de la lame de fond qui leur a donné naissance et dont ils ne sont que l’ultime et trompeuse représentation culturelle. Il s’agira de remonter jusqu’à la source biologique qui les a formatés et de souligner la toute-puissance des énergies qui structurent les bases de notre existence, tant sur le plan idéologique que comportemental.